Quand le déménagement d’un parent devient suspect, mais les transferts de l’ASE restent invisibles.
Dans le cadre de la protection de l’enfance, certains parents sont jugés pour leur instabilité géographique.
Un déménagement répété, un changement de ville, une recherche de logement peuvent être interprétés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) comme une forme d’errance, voire de mise en danger pour l’enfant.
Mais paradoxalement, lorsqu’un enfant est placé par l’ASE, il peut être déplacé plusieurs fois, changer de foyer, passer d’une famille d’accueil à une autre, changer de département… sans que cela ne soit considéré comme inquiétant.
- Un parent qui déménage pour fuir la précarité ou se rapprocher d’un emploi est vu comme instable
- L’ASE peut changer l’enfant de lieu de vie plusieurs fois par an, sans justification affective
- Le lien familial est fragilisé par les déménagements du parent
- Mais le lien institutionnel est renforcé, même quand il est mouvant
> “J’ai déménagé trois fois en deux ans, pour survivre. On m’a dit que mon fils vivait en errance.”
> “L’ASE a changé mon enfant de foyer quatre fois. Mais là, ce n’est pas de l’errance ?”
> “Je suis jugée pour bouger. Eux, ils déplacent mon enfant sans me prévenir.”
- Une culpabilisation du parent précaire
- Une normalisation des ruptures institutionnelles
- Une perte de repères pour l’enfant, quel que soit le cadre
- Une confusion sur la stabilité réelle, qui n’est pas liée à l’adresse mais au lien
Le Comité Liens Brisés appelle à :
- Reconsidérer le critère d’errance géographique dans l’évaluation parentale
- Reconnaître les déménagements comme des actes de survie, pas de négligence
- Limiter les changements de lieu de vie pour les enfants placés, sauf nécessité absolue
- Informer les parents de chaque transfert, avec justification et suivi
- Une campagne nationale : “Bouger n’est pas fuir”
- Des fiches pratiques pour les familles sur leurs droits en cas de déménagement
- Des groupes de parole pour les enfants déplacés plusieurs fois
- Des témoignages pour sensibiliser les institutions et les élus
La stabilité ne se mesure pas en kilomètres. Elle se construit dans le lien, la présence, l’amour. Il est temps de cesser de juger les parents qui bougent pour survivre, et de questionner les déplacements institutionnels qui abîment l’enfance.